La première traduction de la Bible en langue des signes américaine fin 2020 a attiré l’attention sur un besoin mondial : il existe aujourd’hui plus de 400 langues de signes qui n’ont pas de traduction de la Bible.
En septembre 2020 s’est achevée la première traduction de la Bible en langue des signes américaine (ASLV). Une cinquantaine de traducteurs ont œuvré pendant presque quatre décennies pour achever ce travail d’envergure initié par l’organisation Deaf Missions.
Aux Etats-Unis, la Bible ASLV a rendu les Ecritures accessible à 3.5 millions de personnes et a changé la vie de nombre d’entre elles, comme en témoigne le traducteur Jose Abenchuchan, qui est lui même atteint de surdité, à Christianity Today (des propos rapportés par un interprète de la langue des signes NDLR) :
« Vous ne pourriez pas demander aux hispaniques de lire la Bible en anglais ? Ca serait comme lire une langue étrangère. C’est pourquoi la Bible ASLV a été si importante, car elle est dans notre langue. Et cela a changé de nombreuses vies ».
Cependant, l’attente est grande pour les plus de 400 langues des signes restantes comme l’atteste cette déclaration de J.R. Bucklew, fondateur et ancien président de la Deaf Bible Society, « il n’y a toujours qu’une seule langue des signes qui possède une Bible complète et il reste beaucoup de travail devant nous ».
Bucklew, entendant né de parents sourds, considère toutefois la première version de la Bible en langage des signes comme un événement historique majeur et un « accélérateur » du travail de traduction qui reste à faire.
Christianity Today rapporte que l’organisation IllumiNations, alliance de 11 organisations de traduction de la Bible, s’est fixée l’objectif de traduire les Ecritures dans chaque langue d’ici 2033. Si nombre de personnes peuvent avoir accès à la Bible en apprenant l’anglais, l’espagnol ou une autre langue d’échange dominante, les organisations évangéliques estiment que chacun devrait y avoir accès dans sa propre langue.
C’est pourquoi, à la liste de milliers de traductions, IllumiNations, a ajouté plus de 400 langues des signes. Car si celles-ci étaient laissées de côté, l’alliance de traducteurs aurait négligé un grand nombre de personnes dans le monde entier. Notamment en France, où les personnes sourdes représentent entre 10 et 11 % de la population avec des degrés différents de surdité.
Toutefois, une telle entreprise a un coût important. Traduire un verset coûte environ 195 dollars et le coût de la traduction des 400 langues des signes est estimé à 350 millions de dollars.
En attendant l’achèvement de cette œuvre titanesque, les deux prochaines traductions en langue des signes concerneront le colombien et le japonais.
Eric Coursodon